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Cimetière juif

Cimetière Israëlite de Mackenheim

 

Historique :

La première mention de l'existence de la nécropole apparaît en 1608 à l'occasion d'un contentieux entre la communauté villageoise du Niederdorf de Mackenheim (partie Nord du village) et un feudataire de l'évêque de Strasbourg, Christoph Brosinger von Sternberg.

cimetière israelite de MackenheimRapidement ce cimetière se révèle insuffisant et doit être agrandi. Une acquisition de terrain a lieu en 1629 suite à une forte crue du Rhin qui en avait emporté une partie. Elle est suivie d'une seconde en 1685. A partir du 18ème siècle, d'autres cimetières comme Schmieheim (vers 1700) ou Vieux-Breisach (1755) vont être ouverts, suivis en 1810 par Grussenheim et Mackenheim qui deviendra petit à petit, le cimetière de la seule communauté locale. Pourtant un agrandissement sera encore nécessaire en 1775 portant sur 760 m2, achetés 400 florins. Une dernière tentative d'agrandissement est menée en 1819 mais n'aboutit pas.

Image : vue du cimetière avec Günter Boll, l'historien du Judengarten en médaillon

Les monuments funéraires sont nombreux et la période la plus représentée se situe entre 1850 et 1880. Le secteur d'inhumation le plus ancien, dont ne subsistent qu'environ 75 tombes, paraît occuper le centre. Il fonctionne de 1669, date de la stèle la plus ancienne, à 1752. Le second secteur fonctionne de 1753 à 1850. Le troisième de 1850 à nos jours.

La stèle la plus ancienne mis à jour date de 1669 ; elle garde le souvenir d'Abraham ben Eléazar, enterré le 3 Tamouz 429 du petit comput (2 juillet 1669).De cette première période, nous trouvons encore les stèles du rabbin Jérémie, fils de rabbin Jeduha qui, après avoir été président du Tribunal Rabbinique et directeur de l'école Talmudique à Gunzenhausen (Bavière), devient rabbin des juifs de Haute-Alsace en 1684. Il décède en 1685 dans la ville de Saint-Louis les Breisach, éphémère cité surnommée "ville de paille" où les juifs de Vieux Breisach avaient dû s'installer.

Un cimetière transrhénan

Maison mortuaire du cimetière juif de MackenheimDe plan quadrangulaire et en partie délimité par une haie végétale, ce cimetière est implanté dans la forêt communale, à l' écart de l'agglomération de 2 km. Bordant un petit cours d'eau, le Muhlbach, il se divise en deux parties. La plus récente, encore en usage, se positionne à l'extrémité nord-est et dispose d'une maison mortuaire, appelée Tahara-Hiesel qui servait originellement au rite du lavement du défunt avant son inhumation.

La partie Ouest, la plus ancienne, était à l'origine un cimetière à caractère intercommunal où l'on enterrait les juifs en provenance des deux rives du Rhin, principalement de la ville de Breisach (une trentaine de tombes). En effet, la communauté juive de Breisach a du attendre 1755 pour obtenir l'autorisation d'ouvrir son cimetière; jusqu'à cette date, les défunts de cette communauté étaient enterrés au cimetière de Mackenheim. Ce fut également le cas pour les communautés de la rive droite du Rhin : Biesheim, Riedwihr, Grussenheim, Marckolsheim, Muttersholtz, Diebolsheim... dont les cimetières ne furent autorisés qu'au tout début du 19ème siècle.

Stèle funéraire de Joseph Gûnzburger      Ici la stèle de Joseph Günzburger, décédé en 1727 et qui fut le protecteur de la communauté de Vieux Breisach ; il obtint du Margrave Charles Guillaume de Baden-Durlach (1679-1738), l'autorisation de créer de nouvelles communautés, en particulier à Emmendingen, Eichstetten, Ihringen, Sulzburg, Müllheim et Lörrach.
Stèle de Koschel Levi Stèle de Koschel Levi, dit Coschel Lehmann von Breisach, né en 1656 et mort le 1er mars 1711, un autre protecteur de la communauté juive, celle de la ville neuve de Breisach, plus précisément de la communauté résidant dans la « ville de paille » qui se trouvait sur l'actuelle rive droite (à proximité de Biesheim). C'est Louis XIV qui fit construire cette ville dans laquelle il installa le Conseil Souverain d'Alsace de 1681 à 1698. Cette ville de paille, appelée ainsi pour son caractère transitoire, a été rasée en vertu du traité de Ryswick en 1703. Après sa destruction, Koschel Levi s'est installé à Breisach.


Un cimetière classé à l'inventaire des Monuments Historiques

En octobre 2001, cette partie a été inscrite à l'inventaire des monuments historiques. En 2003, une association dénommée «  les Amis du Judengarten de Mackenheim » a été créée à l'initiative de la mairie ; elle a pour vocation l'entretien et l'animation du site classé.

sommerlager01 sommerlager02

Elle accueille tous les ans des jeunes de différents pays d'Europe dans le cadre de camps d'été (Sommerlager) en partenariat avec une association allemande de Breisach (Blaue Haus) pour les sensibiliser à la richesse de ce patrimoine singulier ; un grand nombre de stèles ont été redressées et consolidées grâce au travail de ces jeunes. Egalement en été, des jeunes collégiens de la Hugo-Höfler-Realschule avec leur enseignant, Monsieur Zimmermann, viennent participer une ou deux journées aux travaux d'entretien (débroussaillage, enlèvement des herbes coupées, consolidation de stèles)

Quelques pistes pour décrypter les stèles

cruche main

La cruche :

(Levitenkanne),
- d'où le patronyme Léwi -
symbolisant la fonction
de serviteur

Deux mains :

sépulture des Cohanim,
portant en Alsace les patronymes
Kahn, Cahn, Cohn, Kohn
"Cohen Tsedek" = le Prêtre juste


grussenheimLes stèles les plus anciennes étaient d'un style dépouillé, conformément au souci de simplicité qui marque les rites funéraires juifs. Rappelons par exemple, que l' «oren», (le cercueil), doit être fait de simples planches grossièrement rabotées et ne porter aucun ornement.

Si à Mackenheim on trouve des pierres ouvragées courant du 18ème siècle, cela est en partie lié à l'origine sociale des défunts (notables fortunés). Une inscription rituelle figure en général sur toutes les pierres, dans leur partie basse : « Que son âme soit liée au faisceau des vivants » ; cette expression est empruntée à la déclaration qu'Abigaïl (la sœur de David) a faite à son frère.

Par ailleurs, un shofar indique que le défunt était chargé d'utiliser cet instrument à la synagogue (rabbin ou homme pieux) et un couteau indique que le défunt était circonciseur (mohel), une colonne ou un tronc coupé, la mort prématurée d'un enfant, ou d'un jeune soldat mort à la guerre

Un certain nombre de tombes anciennes sont des petits chefs d'œuvre baroques, à mettre en relation avec l'art profane et catholique du 18ème siècle. On note la présence de décors floraux, ceux de tulipes par exemple, symboles d'immortalité.

Le Judengarten, un cimetière communal

Une des particularités de ce cimetière juif, c'est qu'il est la propriété de la commune contrairement aux autres cimetières d'Alsace et de Moselle qui sont la propriété du Consistoire. La transcription foncière ne s'est pas faite lors de la promulgation du décret napoléonien de 1806. De fait, c'est la commune qui assure l'entretien du Judengarten dans le cadre d'une convention établie en 2009 avec le Consistoire.

Une stèle du souvenir

C'est en septembre 2009, qu'un monument commémoratif en souvenir des personnes juives du village et de Marckolsheim, victimes de la déportation, a été inauguré. Cette stèle, qui, dans sa structure, présente le signe d'une rupture à travers le socle éclaté qui supporte la pierre avec ses inscriptions. A noter également, la place singulière qu'occupe ce monument : il est dans l'alignement de la dernière rangée de tombes ; ceci pour exprimer la volonté de réunir celles et ceux qui furent tragiquement séparés de leur communauté.

Allocution du Maire de Mackenheim
Allocution du Président du Consistoire Israélite du Bas-Rhin, Francis Lewy
Allocution du Rabbin Claude Springarn

illustration
le Grand Rabbin René Gutmann et Monsieur Lewy André ,
Responsable de la communauté locale lors de la prière aux morts

Adresse du site Web dédié au Judengarten :

http://israelite.webcimetiere.net/67/Mackenheim